Récoltes de fruits, disponibilités des emballages et fabrication de confiture : Bruno Cassan – PDG d’Andrésy Confitures, témoigne des arbitrages que vont devoir faire les marques !
07
Octobre 2021
Chaque année pendant l’été, les reportages se multiplient sur l’état des récoltes de fruits et légumes et les difficultés des cultivateurs liées aux aléas climatiques.
Pour faire le tri parmi toutes les informations, Bruno Cassan, PDG d’Andrésy Confitures, témoigne de l’état des récoltes de fruits à confitures, des conditions attendues des marchés d’emballages, des effets des nouveaux modes de consommation et des atouts de votre producteur de confiture pour vous accompagner dans la réalisation de vos projets de créations de confitures sur-mesure.
Au sujet des récoltes de fruits cette année pour la fabrication de confiture :
Bruno Cassan, qu’en est-il exactement des récoltes de fruits cette année ?
BC : « Si vous voulez savoir si nous aurons des ruptures totales de certains fruits, la réponse est non. Il y a des fruits si vous êtes prêts à les payer le prix demandé !
Et il est parfois 3 fois supérieur à l’an dernier, comme pour les framboises par exemple !
Le marché des fruits en France et en Europe est complexe. Il se divise en 2 filières :
- les fruits destinés aux marchés de bouche : vente en commerces de proximité, sur les marchés, en direct producteur, à la restauration, etc
- Les fruits destinés au marché de la transformation : pour que les artisans et industries fabriquent compotes, jus de fruits, entre autres, et bien sûr la production de confiture
En France, la quasi totalité des fruits est destinée aux marchés de bouche. Il est plus valorisant pour les producteurs.Les fruits restants sont vendus à l’industrie et l’artisanat. Cela signifie que si les producteurs français ont beaucoup vendu à la bouche, il reste peu de fruits disponibles pour la fabrication de confiture !
Heureusement en Europe ce n’est pas le cas : il y a des filières spécifiques avec des quantités dédiées et d’excellente qualité. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur les fruits français pour la fabrication de la confiture ?
BC : « Pour les fruits de France on ne constate pas de rupture : il y a des quantités même si elles sont limitées et fortement en hausse.
C’est dû à différents facteurs :
- les aléas climatiques : l’agriculture et l’arboriculture sont toujours fortement impactées par la météo. Cette année la vallée du Rhône, importante productrice de fruits de qualité, a été touchée de plein fouet par les aléas climatiques, à des moments cruciaux pour les fruits : du gel lors de la formation des bourgeons, de la pluie au lieu du soleil pendant la croissance
- la pandémie COVID : en 2020 comme en 2021 les récoltes ont souffert d’un manque de travailleurs, notamment de ceux venus des pays européens voisins et qui sont les auxiliaires de récoltes habituels. Cela fait 2 ans de suite que ces récoltants nous manquent.
- les nouveaux modes de consommation : les enseignes de GMS ont beaucoup fait pour aider les agriculteurs en organisant des filières d’approvisionnement recentrées sur la production France. Cela a beaucoup augmenté la vente de fruits frais français, au grand bonheur des arboriculteurs et des consommateurs !
Ces 3 paramètres font que la demande en fruits origine France est aujourd’hui plus importante que l’offre. »
Que pouvez-vous nous dire sur les fruits à confitures d’Europe ?
BC : « Savez-vous que l’Europe est une grande productrice de petits fruits rouges ? Fraises, framboises, groseilles, myrtilles, cerises… Les territoires européens sont riches en terroirs de qualité pour les fruits à confiture !
Dans les pays voisins aussi, les quantités disponibles sont moindres en terme de volumes, avec des prix en hausse.
Le facteur majeur cette fois est l’émergence de marchés nouveaux, très demandeurs de fruits et de quantités : les pays de l’Est, la Russie, la Chine, etc
Si l’on va plus loin que l’Europe, pour la myrtille du Canada par exemple, les sujets sont les mêmes : les aléas climatiques liés au changements des climats sont très important sur la nature et donc les récoltes ! »
Au sujet du sucre nécessaire à la production de confiture :
Comment le sucre à confiture, sucre de canne ou sucre de betterave, est-il impacté cette année ?
BC : « Le prix du sucre de canne a augmenté de +10% : la difficulté vient du Brexit car l’Angleterre est un gros fournisseur-importateur de sucre canne. Les difficultés du Brexit : législatives, de douanes, et logistiques, rendent les transports plus chers, les délais plus longs.
Le sucre de canne du Brésil est plus cher aussi car le prix des containers a été multiplié par 10 ! Il impacte fortement le prix de vente des matières transportées !
La betterave sucrière en France a souffert comme les autres cultures des aléas climatiques.
Le prix d’achat est aussi impacté par une forte volonté de mieux valoriser le travail des agriculteurs cultivateurs de betteraves. Au total les prix d’achat du sucre de betterave français a augmenté de 10 à 15%. »
Au sujet des emballages nécessaires à la fabrication de confiture : bocaux, capsules et cartons
On entend beaucoup parler des pénuries d’emballages liées à la reprise économique. La production des confitures sera-t-elle impactée ?
BC : « Pour les emballages de nos confitures artisanales, on subit des hausses diverses :
– les capsules ont augmentée de + 10% en juin
– le carton et le papier des étiquettes cumulent fortes augmentation et problèmes de disponibilités. Les cartons ont augmenté 2fois : +6% mois de mai, +6% en avril
C’est dû principalement à la remise économique combinée aux changements de modes de consommation pendant la crise COVID.
- l’accroissement des achats en e-commerce : la vente à distance est très consommatrice de carton et d’emballages
- les bonnes pratiques écologiques que nous avons tous décidé d’appliquer ont un impact sur les matières de substitution : par exemple la suppression des bouteilles plastiques entraine un retour vers le verre et donc une saturation des usines verrières, une moindre disponibilité, une augmentation des délais et des prix. »
Après toutes ces informations sur les marchés des fruits à confiture, du sucre de canne et des emballages, dites-nous quelles solutions Andrésy Confitures propose à ses clients ?
BC : « Il est vrai que je vous ai longuement parlé des facteurs limitants pour nos approvisionnements en fruits à confiture : aléas climatiques, augmentation des ventes en marchés de bouche, recentrage sur les origines France, qui entrainaient des offres restreintes par rapport à la demande.
Pourrons-nous faire vos confitures artisanales pour autant ?
Oui bien sûr ! Une de nos valeurs majeure est l’adaptabilité : c’est une force et un atout pour accompagner nos clients pour nos marques de confitures et les marques sur-mesure.
Il va falloir faire des choix mais nous avons des solutions à proposer ! »
Qu’avez-vous mis en place pour sécuriser les marchés de fruits à confitures et de sucre de canne ?
BC : « C’est certain que nos clients vont avoir des arbitrages à faire ! Heureusement nous prenons très à coeur notre rôle de partenaire.
Nous sommes prévoyants et adaptables depuis toujours car nous fabriquons les confitures de marques prestigieuses, de chefs exigeants, d’établissement réputés. Hors de question de les mettre en difficulté sans solution à proposer !
Notre capacité d’anticipation et notre adaptabilité ont toujours fait partie de notre ADN de fabricant sur-mesure :
– nous avons accentué la communication avec nos partenaires pour mieux cerner leurs besoins futurs
– nous nous sommes positionnés très en amont des récoltes sur les quantités dont nous aurions besoin pour la fabrication des confitures
- nous avons sourcé des variétés de fruits différentes de d’habitude et toujours adaptées à la cuisson en confitures artisanales
- nous avons recherché des qualités de fruits variées pour nous adapter à de nouveaux besoins, de nouvelles recettes
Toutes ces mesures font que nous avons pû proposer des alternatives qualitatives à nos clients à chaque fois qu’il a fallu faire des choix !
Nos valeurs majeures sont des forces internes et des atouts pour nos partenaires : adaptabilité et anticipation, indispensables pour proposer de bons arbitrages ! »
Quelles solutions sont adoptées par Andrésy Confitures pour sécuriser les emballages ?
BC : « Là encore notre anticipation et notre adaptabilité se sont révélées de précieux atouts !
Nous travaillons sur des contrats à long terme avec les fournisseurs d’emballages et d’énergie :
- quantités annuelles
- capacités de stockage
- Communication continue et tripartite : besoins clients, capacités des fournisseurs, exigences qualité de notre fabrication de confitures
Notre capacité à écouter nos clients, à établir des scenarii de réactions liés aux conséquences de leurs besoins, est un véritable atout pour nos clients en fabrication sur-mesure et nos propres marques de confitures. »